juillet | 2020 | I want to believe...

La machine à voyager dans le temps

Seul sur la route, j’ai pu revisiter mon passé, qui s’est écrit en divers endroits.
L’occasion comme à chaque fois, de prendre conscience de tout ce qui n’a pas changé et qui ne changera jamais.
Mais aussi de tout ce qui n’a pas résisté à l’épreuve du temps et de la distance. Tout ce qui a dû s’adapter pour se remettre aux goûts du jour, soit par nécessité, soit par envie.

De la même manière que lorske on retrouve quelqu’un que l’on n’a pas revu depuis longtemps, on a toujours un peu de mal à le reconnaître : c’est lui et pas lui en même temps… À la fois proche et distant, conforme à nos souvenirs et différent en même temps.

Que ce soit à Soulac, à Saint Palais, dans le parc des étangs de la Brenne, à Blois ou à Montsoreau… C’est comme si notre histoire nous avait entraînés vers des horizons différents. Chacun traçant sa route, indépendamment de l’autre, sans avoir de comptes à se rendre.

Pourtant et pour reprendre mon analogie, quand on retrouve un vieil ami, même si des années ont passé, l’impression de renouer comme avant est bien réelle. On croit se retrouver à l’identique, comme si le temps s’était arrêté et pouf, c’est reparti comme avant ?

À condition de faire au passage, abstraction de ces nombreuses occasions de se revoir avant qui n’ont pas abouti… Et pas toutes pour d’excellentes raisons !
À condition de faire au passage, abstraction de tous ces malheurs et de tous ces bonheurs, que personne n’a eu besoin ou envie de partager avec l’autre…

À l’identique, les lieux où j’ai séjourné quelques heures, m’ont tous apporté la joie d’une redécouverte espérée. L’occasion de mettre à jour des souvenirs intacts, le plaisir de reconnaître des parfums, des odeurs, des paysages… L’émotion de revivre quelques sentiments particuliers et de m’y replonger avec délice, comme si c’était hier.

Et… ?

Après le plaisir d’avoir renoué le contact, après avoir fait ensemble un très agréable état des lieux… Finalement, fatalement, on redescend sur terre, réaliste et un peu triste. Obligé d’admettre que ces endroits et moi, on ne « s’appartient » plus comme avant.
En réalisant que si on a fait tellement de chemin chacun de notre côté, sans réellement se soucier de l’autre, sans lui donner beaucoup de news, chacun très occupé à ses ptites affaires perso… Et bien, il y a de gros risques que ça continue comme ça ad vitam æternam, une fois passée l’euphorie des retrouvailles !

Comme si la seule raison d’être de cette euphorie, ça n’était qu’à la stricte condition que ces retrouvailles ne soient que des parenthèses très limitées dans le temps.
Et non pas, l’occasion d’une remise en questions de nos choix de vie. De tout ce que chacun s’est organisé autour de lui-même, très indépendamment de l’autre.

De la même manière, que les endroits que j’ai retrouvés avaient évolué, de nouvelles rues, boutiques, points d’intérêts, etc… Qu’ils s’étaient repeuplés, de nouvelles têtes, venues d’horizons très différents et arrivées là, pour différentes raisons aussi.
Bien évidement, que mon irruption temporaire n’allait rien y changer.
Et à l’inverse, ce n’était pas pour autant que j’allais en revenir transformé, plein de nouvelles résolutions sur mon avenir et ce que j’allais en faire !

Malgré tout ça, j’avoue que j’adore ces voyages dans le temps, pour le bien-être qu’ils procurent, même de nature très passagère.
Mais c’est à la condition de ne pas en attendre autre chose que ce qu’ils sont en mesure d’offrir…
Alors, surtout pas en s’imaginant entrer dans une bulle de bonheur qui se serait perdue et en espérant pouvoir y demeurer autant qu’on en a envie…
On finirait par se faire jeter !

Le bonheur ultime serait d’arriver à concevoir le plus sereinement du monde, que nous avons beaucoup de choses à partager mais tout autant, qu’il sera à jamais impossible.
Ce serait aussi de réussir à admettre le plus paisiblement du monde, que ces envies de partages ne soient pas toujours régulièrement…

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